Le microcrédit peut se définir par des prêts de faible montant destinés à des personnes à bas revenus, généralement exclues des banques parce que leur solvabilité est considérée comme insuffisante et/ou parce que les coûts de gestion de tels prêts sont jugés trop élevés .
Le microcrédit est apparu en France en 1989 avec la création de l’Adie, acteur qui reste aujourd’hui incontournable. Une des principales missions de l’Adie est de financer les micro-entrepreneurs qui n’ont pas accès au crédit bancaire et plus particulièrement les chômeurs et les allocataires des minima sociaux. Cette association fournit plus de 10 000 microcrédits par an à des créateurs pauvres de micro-entreprises.
Quelles sont les particularités du microcrédit ?
Le microcrédit se différencie d’un prêt bancaire classique sur les points suivants :
Objet : Le microcrédit sert exclusivement à créer ou développer des activités génératrices de revenu.
Montant : Le montant d’un microcrédit est plus faible que celui d’un prêt bancaire. Il est adapté au besoin de la personne qui en bénéficie. Selon les institutions de microfinance et les pays dans lequel il est pratiqué, le montant moyen du prêt est variable.
Taux d’intérêt : Les taux auxquels sont accordés ces microcrédits sont en revanche généralement plus élevés que ceux d’un prêt bancaire. Ils sont nécessaires aux IMF* pour couvrir leurs frais de fonctionnement, qui incluent le travail d’agents de crédits, les déplacements pour se rendre auprès d’emprunteurs situés dans des zones parfois éloignées, et bien souvent des services prodigués en parallèle à l’obtention d’un crédit : formations, accompagnement social, etc.
Durée de remboursement : Les durées de remboursement sont plus courtes que celles d’un prêt classique. Par exemple, un prêt de 150 € est généralement remboursé sur 3-4 mois.
Peu ou pas de garantie : Contrairement aux banques, la plupart des IMF ne demandent pas de garantie financière ou matérielle à leurs emprunteurs.
Différentes méthodologies : La méthodologie d’une IMF régit la manière dont elle choisit d’accorder ses prêts à ses bénéficiaires. Certaines comptent sur la solidarité d’un groupe d’emprunteurs pour compléter les manques de remboursement, d’autres choisissent de ne pas pénaliser les autres membres du groupe et de ne leur faire bénéficier que de ses aspects positifs : partage d’expérience, formations en groupe, lutte contre l’isolement, etc.
Les méthodologies portent également sur la formation socio-professionnelle de ses emprunteurs, ainsi que sur les conditions d’utilisation de leur livret d’épargne.
* IMF : Institution de Microfinance
Où se pratique le microcrédit ?
Au cours des dernières décennies, le microcrédit s’est développé dans les pays en développement.
Les méthodes s’adaptent aux contextes culturel, social, économique et politique de chaque pays. En outre, le microcrédit ne se pratique pas en milieu urbain (principalement pour des activités d’achat-revente) de la même façon qu’en zone rurale (les activités agricoles exigent des montants plus importants et, des échéances de remboursement plus longues, en raison des cycles agricoles.
Le microcrédit existe aussi dans les pays développés. En France, l’Adie (Association pour le Droit à l’Initiative Economique – www.adie.org) est le principal acteur du secteur.
Le microcrédit est-il un outil efficace de lutte contre la pauvreté ?
Considéré à l’origine comme une solution miracle par de nombreux acteurs, le microcrédit a néanmoins rapidement démontré qu’il avait lui aussi ses failles, et que s’il était mal utilisé, il pouvait avoir des effets aussi dévastateurs que ceux des usuriers peu scrupuleux.
D’une part, certains bénéficiaires, en se voyant facilement accorder des microcrédits, en sollicitent plusieurs sans mesurer leur capacité à les rembourser.
D’autre part certaines institutions de microfinance oublient l’objectif social du microcrédit – permettre à des populations défavorisées d’améliorer leurs conditions de vie – pour privilégier leur rentabilité. Elles rentrent alors dans une « course aux emprunteurs » et octroient un maximum de microcrédits à n’importe qui, pour n’importe quoi, et sans assurer le minimum d’accompagnement. Quand vient le temps des difficultés de remboursement (inévitables dans ces conditions d’octroi), certaines ont même recours à la violence ou à la pression sociale.
Mais ces dérives, identifiées et combattues aujourd’hui, ne doivent pas ternir l’image du microcrédit. Comme d’autres solutions de développement, le microcrédit est bénéfique s’il respecte les besoins des bénéficiaires et s’il est assorti d’outils complémentaires : incitation à l’épargne, formations, réunions de groupes d’emprunteurs, accompagnement social quand nécessaire. Le microcrédit a alors toutes ses chances d’être employé à bon escient, et devient alors un véritable outil de développement socio-économique pérenne des familles.